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© Marie-Claude Guérout

MARIE-CLAUDE GUEROUT

PHOTOGRAPHE AUTEUR

C’est par huit séries de gouttes que la photographe Marie Claude Guérout de Plouer sur Rance présente sa dernière recherche photographique. Commencées il y a un an et demi, ces séries se composent de plusieurs triptyques verticaux, de diptyques horizontaux parfois panoramiques et d’une série de quatre photographies de format carré. Hormis la série des gouttes de lait sur un arrière-plan noir, le fond blanc choisi par Marie Claude Guérout permet à l’œil de se focaliser sur la forme des gouttes, leur gestuelle et leur expressivité.

Mise au point par Martin Waugh, pratiquée par des photographes reconnus comme Markus Reugels et Daniel Nimmervoll en Allemagne, la photographie de gouttes rencontre un succès croissant dans le monde des arts visuels comme le prouve l’article récent de Réponse photo sur  Hélène Caillaud ([1]).  Mais là où certains cherchent la prouesse technique en utilisant simultanément plusieurs électrovannes, en perçant les gouttes au revolver ou en multipliant les accessoires, Marie Claude Guérout, qui vise l’épure et la simplicité sans fonds colorés ni des accessoires. 

Lors de ses promenades le long de la Rance, elle a eu le temps d’observer ces petits jets produits par la pluie tombant sur les pierres qui bordent les chemins. Revenue dans son atelier, elle s’est attachée à reproduire ces jets de Worthington qui sous l’impact d’une goutte remontent plus ou moins haut selon la consistance du liquide. A l’inverse de Jackson Pollock qui laissait tomber la peinture sur la toile, elle a photographié l’eau au moment où elle s’élève et s’offre éblouie à la lumière, privilégiant l’instant hasardeux où une nouvelle goutte vient frapper le jet et créer une forme magique avant de disparaître ([2]). Grâce à des additifs comme la gomme de guar ou de xanthane qui mélangés à l’eau augmentent sa viscosité, elle a affiné les jets et créé une poétique élaborée de formes aériennes. Un espace enchanté et fragile a peu à peu vu le jour, composé de longues gouttes nerveuses qui s’époumonent en tournant sous leur chapeau de pluie, pendant que d’autres plus contemplatives étirent leurs reflets sur le miroir, éclatent à l’air en une multitude de fragments ou émergent de bulles irisées.  

Au fur et à mesure de ses expériences, Marie  Claude Guérout a ainsi constitué une collection d’une intensité sensuelle remarquable. Le changement d’échelle qu’elle a opéré est à la mesure de son émerveillement : en magnifiant une goutte de quelques centimètres en une photographie grand format, elle a mis en scène la beauté dynamique de l’infiniment petit et transfiguré le quotidien d’une Bretagne battue par les pluies marines en un art délicat d’une grande pureté. 

Marie Cordié Levy

Docteur en  histoire de la photographie

Plouer sur Rance, Février 2015

 

1L’article sur Hélène Caillaud a été publié dans  le Réponses  Photo  de février 2015.

[2]La technique utilisée par Jackson Pollock s’intitule le dripping. 

POUR LA RETROUVER

Site internet : http://aimssi.free.fr

Mail : mcguer@wanadoo.fr 

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